La classe d’initiation.
dimanche 24 juin 2007
par Gilbert Giraud
  La CLIN : classe d’initiation. 

L’école Jean Vilar dispose d’une Clin depuis une vingtaine d’années.
La CLIN est une classe spécialisée qui a pour but d’accueillir des enfants primo-arrivants (qui viennent d’arriver en France et qui ne sont pas francophones), afin de leur offrir les meilleures conditions d’apprentissage de la langue et faciliter leur intégration dans le système scolaire.
Cette classe a un effectif réduit (15 maxi) et le fonctionnement est établi par des règles particulières : un enfant de Clin est également "intégré" dans une classe de référence dès son inscription à l’école.
Explication : Une famille arrive de Tunisie et vient inscrire son garçon qui a 8 ans et qui ne parle pas français. Ce gamin va être sur la liste de la classe Clin mais il sera intégré également dans une classe de son âge moins un an . Donc ce gosse de 8 ans (normalement en CE2) sera inscrit dans une classe de CE1 (en plus de la Clin). Bien sûr, cette règle est adaptée selon les conditions de maturité de l’enfant ou ses compétences initiales.

  
 
Un primo-arrivant ne parle pas notre langue et parfois n’a pas été scolarisé en maternelle (si son pays n’en disposait pas) : l’ arrivée en France est un bouleversement dans sa vie et nous devons prendre garde à son intégration dans l’école, socialement avec ses camarades et civiquement avec le respect de nouvelles règles et contraintes.
La famille joue un rôle primordial pour l’entrée de l’enfant dans une nouvelle structure scolaire : nous conseillons toujours aux familles de parler le plus possible en français avec les gosses car l’apprentissage en classe doit être complété par un dialogue familial en français. Les élèves de Clin sont ceux qui, en général, font les progrès les plus rapides et les plus spectaculaires : en effet, l’enfant est motivé, il s’accroche, il en veut, il s’applique et la famille se place également dans une position de soutien à la maîtrise de la langue.

DEFINITIONS ET OBJECTIFS

La Clin est une classe d’initiation accueillant des enfants peu ou non francophones, de sept à douze ans, ne présentant pas de déficience mentale particulière, mais dont la connaissance de la langue française est insuffisante pour leur permettre de suivre un cycle d’études normales.
L’objectif officiel est d’amener les élèves à intégrer au plus vite le cursus scolaire « normal ».

- Le public d’une CLIN
La Clin s’adresse à des enfants de 7 à 12 ans (au collège on appelle cette classe une Clac, classe d’accueil)

Selon l’effectif de classe à un moment de l’année, le maître Clin peut offrir une aide ponctuelle en maternelle ou accueillir des élèves à la limite de l’âge collège. Dans le cas d’un élève d’âge CP, celui-ci ne sera pas systématiquement accueilli en Clin (en fonction de l’effectif, de la disponibilité du maître et des aptitudes de l’enfant). En effet le contenu de la classe de CP est largement linguistique : objectif d’apprentissage de la langue écrite en appui sur la langue orale. D’autre part les enfants de moins de 7 ans sont d’une manière générale capables d’apprendre une langue étrangère par imprégnation selon le modèle d’apprentissage de leur langue maternelle. Cependant le maître Clin peut intervenir à l’arrivée de l’enfant pour les aider à acquérir rapidement un « langage de survie ».

Les élèves de Clin sont « normalement intelligents » :
Ils ne sont pas en difficulté de langue mais en apprentissage de langue, la nuance est très importante pour ne pas placer, dès leur arrivée, les élèves dans une situation d’échec ou d’exclusion. D’autres classes existent pour apporter une aide spécifique selon les difficultés ou handicaps reconnus des élèves (CLIS : Classe d’intégration scolaire).

    

Les élèves de Clin sont nouvellement arrivés en France.
La prise en charge en Clin dure en général une année (à partir de l’arrivée de l’enfant). L’année suivante, une prise en charge en CRI (Cours de Rattrapage Intégré) peut être envisagée selon les besoins. Le maître Clin peut intervenir ensuite auprès d’élèves arrivés plus anciennement si le nombre de nouveaux arrivants le permet. La priorité est donc donnée selon les dates d’arrivée des élèves mais le degré de francophonie ne dépend pas uniquement de ce facteur : certains enfants nés en France, vivant au sein de familles particulièrement attachées à leur culture d’origine peuvent maintenir les enfants dans une bulle non francophone tout en vivant en France depuis de nombreuses années. Ce critère est nettement plus difficile à cerner du point de vue administratif mais la souplesse de la Clin permet aux enseignants de choisir l’aide la plus adaptée au cas par cas.

On se souvient d’elles : Evelyne, Paule, Sylviane, Valérie, Marion, Bernadette, Sydéra .....

Nos maîtresses CLIN : Elles sont restées un peu plus longtemps que les autres et leurs traces sont davantage imprégnées dans le goudron de la cour.

Evelyne  : Au cours d’une séance classique de repérage des différents pays d’origine, les enfants cherchaient sur le globe le Maroc, l’Algérie, le Vietnam, l’Indonésie, la Turquie, la Somalie, l’Irak, et d’autres contrées lointaines. Au bout d’un moment le prénom du gosse était relié avec 2 punaises et un brin de laine à chaque pays. A la fin de cette activité, Salah dit à Evelyne : "et toi alors maîtresse, tu es de tous les pays  ! ". On fait vraiment un beau métier....
Evelyne a été la première à utliser la nouvelle méthode "la Petite Grenouille" : elle était toute contente d’afficher les panneaux "dernier cri" sur les murs.
L’an dernier (en 2007) nous avons pu la voir à la télé car elle était au premier plan de l’actualité régionale concernant les enfants Roms scolarisés dans son école villeurbannaise et dont les familles vivaient dans un terrain insalubre et indigne .

Paule  :  il y a de fortes probabilités pour qu’elle conserve à Vilar le record de la maîtresse la plus grande avec son 1,89m (189 cm, 1890mm) . Les employés municipaux sont venus dans sa classe pour remonter la rampe lumineuse du tableau car le cuir chevelu de Paule commençait à subir les outrages des coups répétés. Paule était totalement à l’aise dans son rôle de médiatrice avec les familles à une époque où la classe Clin était rarement en dessous de 15 enfants à temps plein.

Sylviane : elle ne nous laissera pas que le souvenir de son fameux fromage Mont d’Or qui a fait les bons soirs de quelques repas nocturnes à l’école. Elle est partie pour sa région, le Doubs et nous garderons l’image de son sourire et sa bonne humeur à toute épreuve.

Bernadette : Son parcours professionnel est un peu spécial car elle a connu certains soucis avec l’administration académique à cause d’une titularisation compliquée par des services un peu trop chatouilleux : elle était la seule dans ce cas très particulier et le syndicat (le SNI d’alors) a du faire des pieds et des mains (et même des galipettes) pour que justice soit rendue à notre enseignante.
Bernadette est d’abord passée par les classes de grands : elle a régné sur les CM2 durant 10 années et sa voix résonne encore au deuxième étage. Son tempérament parfois autoritaire se découvrait aussi en conseil des maîtres : suivant les sujets abordés on savait d’avance que Bernadette allait mettre la machine en marche à un moment ou à un autre (et ça ne loupait jamais..). On ne lui en veut pas, au contraire ! Combien de fois des choses se sont réglées grâce à elle, combien de solutions trouvées, combien d’énigmes résolues, combien de conflits apaisés (après avoir été soulevés.. ! Merci à toi.
Bernadette est maintenant à Sète, au bord de mer et son école est à 4 minutes de chez elle. Elle peut bronzer tranquille. Et Sète est la ville de naissance de.... Jean Vilar.

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