Mas du taureau, place Guy Môquet.
vendredi 23 novembre 2007
par Gilbert Giraud

 

Le Mas du Taureau :C’est le nom du quartier, en général . D’autres quartiers de la ville s’appellent le Bourg, les Grolières, la Thibaude, le Pré de l’Herpe, les Cervelières, le Pont des Planches...
Pourquoi le mas du taureau ?
Tout simplement parce que sur cet espace se trouvait encore il y a 50 ans, une ferme (le mas) avec des moutons, des poules, des oies, des lapins, des vaches.... et un seul taureau. L’histoire nous apprend que ce vaillant herbivore ne s’est jamais plaint de son sort...

 

   

La place Guy Môquet :

Guy Môquet

Guy Môquet, né à Paris le 26 avril 1924 et mort le 22 octobre 1941, est un militant communiste, célèbre pour être le plus jeune des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), fusillés en représailles après la mort de Karl Hotz. Il est passé dans l’histoire comme un des symboles de la Résistance française. Le qualificatif de résistant, souvent utilisé à son propos, notamment par les médias, est cependant l’objet d’un débat récent parmi quelques historiens.

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Famille :

Guy Môquet était le fils d’un syndicaliste cheminot, député communiste du 17e arrondissement de Paris, Prosper Môquet. Le Parti communiste ayant été dissous par Édouard Daladier en septembre 1939 en raison de son soutien au Pacte Molotov-Ribbentrop, Prosper Môquet est arrêté le 10 octobre 1939, déchu de son mandat de député en février 1940 et plus tard déporté dans l’un des camps de concentration français en Algérie. Le frère de Prosper, Henri, était concierge au siège du parti communiste. À la fin de l’été 1940, il est intégré au dispositif clandestin du parti[1]. Quant à la sœur de Prosper Môquet, Rosalie, elle est également une militante bien insérée au cœur du parti. À partir de 1941, elle est la compagne de Robert Dubois qui succédera à Arthur Dallidet à la tête de la commission des cadres à partir du printemps 1942. Elle assure la liaison de Robert Dubois avec la direction du parti[2].

    

Biographie :

Guy Prosper Eustache Môquet, né le le 26 avril 1924 dans le 18earrondissement de Paris[3], était lycéen au lycée Carnot et fervent militant des jeunesses communistes. Le journaliste et écrivain Pierre-Louis Basse le présente comme un « titi », volontiers gouailleur tout en ne dédaignant pas écrire des poèmes, plaisant aux filles et doué dans les disciplines sportives. Au sprint, son seul rival au lycée est Charles Éboué, fils de Félix Éboué[4].

L’URSS ayant signé un pacte de non-agression avec les nazis, les communistes français s’opposent à la guerre (considérée comme une guerre impérialiste contre les intérêts de la classe ouvrière). De nombreux militants communistes, dont le père de Guy Môquet, sont donc arrêtés par le gouvernement français sous l’accusation de sabotage, démoralisation de l’armée, en un mot affaiblissement des arrières. Après la défaite française, l’occupant laisse en détention les communistes incarcérés par la IIIe République. Selon Denis Peschanski, à l’automne 1940, le PCF subit une vague intense de répression menée par la police française et facilitée par la politique de légalisation qui a prévalu pendant l’été 1940. Jusqu’en mars-avril 1941, la revendication nationale, anti-allemande, n’est pas prioritaire pour le PCF par rapport à la revendication sociale[5] (pour plus de détails, voir Histoire du Parti communiste français, Les premiers mois de l’occupation).

En ce qui concerne Guy Môquet, l’arrestation de son père en octobre 1939 est un événement marquant qui renforce son ardeur militante. Réfugié avec sa mère et son frère dans la Manche, il revient alors seul à Paris, où il milite clandestinement au sein des Jeunesses communistes[6]. Il écrit une lettre au président de l’assemblée Édouard Herriot pour demander la libération de son père. Avec l’occupation de Paris par les Allemands et l’instauration du gouvernement de Vichy, Guy Môquet déploie une grande ardeur militante pour coller des « papillons » et distribue des tracts qui reflètent la ligne politique de son parti en été 1940.

Dans ces tracts, c’est surtout la misère qui est épinglée : « Des magnats d’industrie (Schneider, De Wendel, Michelin, Mercier [...]), tous, qu’ils soient juifs, catholiques, protestants ou francs-maçons, par esprit de lucre, par haine de la classe ouvrière, ont trahi notre pays et l’ont contraint à subir l’occupation étrangère [...] De l’ouvrier de la zone, avenue de Saint-Ouen, à l’employé du quartier de l’Étoile, en passant par le fonctionnaire des Batignolles [...] les jeunes, les vieux, les veuves sont tous d’accord pour lutter contre la misère…[7] ». Ils réclament également la libération des prisonniers communistes incarcérés depuis l’automne 1939[6].

Guy Môquet est arrêté à 16 ans le 13 octobre 1940 [8] au métro Gare de l’Est par trois policiers français dans le cadre du décret-loi Daladier du 26 septembre 1939 interdisant la propagande communiste. Il est incarcéré à la prison de Fresnes[9].

Le Tribunal pour enfants et adolescents de la Seine ordonne le 23 janvier 1941, qu’il soit « remis à sa mère, en liberté surveillée », mais il fait immédiatement l’objet d’un arrêté préfectoral d’internement administratif [10]. Il est transféré le 10 février 1941 à la prison de la Santé [11], puis à la prison de Clairvaux, puis le 15 mai 1941 [10] au camp de Choisel, à Châteaubriant, en Loire-Atlantique, où étaient détenus d’autres militants communistes généralement arrêtés entre septembre 1939 et octobre 1940. Il est à la baraque 10, la baraque des jeunes, où il se lie d’amitié avec Roger Sémat et Rino Scolari. Ce dernier, un peu plus âgé que lui, deviendra un des responsables FFI au moment de la Libération de Paris[12].

Avis du général von Stülpnagel, Paris, 21 octobre 1941
Avis du général von Stülpnagel, Paris, 21 octobre 1941
Avis paru dans L'Œuvre du 23 Octobre 1941 : liste des 48 fusillés du 22 octobre 1941
Avis paru dans L’Œuvre du 23 Octobre 1941 : liste des 48 fusillés du 22 octobre 1941

Le 20 octobre 1941, Karl Hotz, commandant des troupes d’occupation de la Loire-Inférieure, est exécuté à Nantes par un commando formé de trois jeunes communistes des bataillons de la jeunesse Spartaco Guisco, Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias. Les services du ministre de l’Intérieur du gouvernement de collaboration de Pétain, Pierre Pucheu proposent une liste de 61 noms, des otages essentiellement communistes [13] « pour éviter de laisser fusiller cinquante bons Français » [14]. Sur les 27 fusillés de Châteaubriant, les listes de Pucheu en contiennent 17. Guy Môquet n’était pas dans les listes de Pucheu, ce sont les Allemands qui l’on rajouté en fonction de leur propre politique des otages [15].

Deux jours plus tard, neuf poteaux sont dressés à la Sablière, vaste carrière à la sortie de Châteaubriant. En trois groupes, les vingt-sept otages s’y appuient, refusent qu’on leur bande les yeux et s’écrient : « Vive la France ! » devant le peloton d’exécution. Guy Môquet est le plus jeune. Selon certains récits, à commencer par celui d’Aragon dans Le Témoin des martyrs (voir le chapitre « élaboration de la mémoire »), il a un évanouissement et il est fusillé dans cet état[16], mais cette version est contestée par le sous-préfet d’alors, Bernard Lecornu[17]. Il est abattu à 16 heures. Avant d’être fusillé, il avait écrit une lettre à ses parents.

Pour les nazis, l’exécution d’otages communistes est préférable pour convaincre les Français que seuls les juifs et les communistes sont leurs ennemis. La sélection d’un otage si jeune est également délibérée, pour montrer qu’ils seront impitoyables avec tous les distributeurs de tracts, quel que soit leur âge. Mais l’exécution d’un otage si jeune a surtout pour effet de choquer la population française.[18]

Selon Pierre-Louis Basse, Serge, le jeune frère de Guy Môquet, meurt quelques jours plus tard, de chagrin et de peur, déguisé en fille par sa mère qui tente d’échapper à la Gestapo[19]. Mais selon la pierre tombale du caveau où il repose au cimetière parisien du Père-Lachaise, aux côtés de son frère et d’autres « héros et martyrs de la Résistance fusillés par les nazis », Serge Môquet est décédé le 19 avril 1944 à l’âge de 12 ans et demi, « victime de la Gestapo ». Selon la belle-fille de Prosper Môquet, Anne-Marie Saffray, Serge, traumatisé par l’emprisonnement de son père et par l’exécution de son frère, fragilisé par la disette et les rigueurs de la vie clandestine, mourut d’une méningite. Leur mère, Juliette, fit partie du Comité parisien de Libération et fut de 1945 à 1947 conseillère municipale communiste de Paris. Elle trouva la mort le 10 juin 1956 dans un accident de voiture [20], que conduisait son mari, Prosper[19].


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