Dans l’école, dans sa classe.
dimanche 6 janvier 2008
par Gilbert Giraud

 

Dans l’école, dans sa classe....

Un enseignant est nommé dans une école et non pas dans une classe... Ce n’est pas une phrase si banale que ça et La Palisse ne l’aurait jamais prononcée en tout cas. Et pourquoi ?

     

Un enseignant, sorti de sa formation IUFM, reçoit sa première nomination pour l’école élémentaire Jean Vilar à Vaulx-en-Velin : il ne sait pas pour quelle classe (CP ou CM) car cela dépend de l’organisation de l’école. A ce moment-là, les scénari sont vraiment multiples, en fonction des individus : ce jeune homme doit partir en vacances au Népal et prendra contact au retour, cette demoiselle est toute émue et vient reconnaître les lieux le soir même à la lumière des phares, celui-ci téléphone pour avoir quelques renseignements, celle-là appelle sa mère au secours, ce monsieur va vite surfer sur Gougueule pour voir si le groupe scolaire a un site internet, cette dame prend rendez-vous chez son sophrologue, celui-ci se renseigne auprès de ses potes pendant que celle-là préparera déjà sa première journée de rentrée....

   

Mais de toute façon, le moment viendra d’arriver à l’école et la question essentielle se posera : suis-je nommé dans l’école ou dans ma classe ? La réponse est simple, chacun pense à sa classe, à son armoire, à son trousseau de clefs pour bien délimiter le territoire (comme le caniche dans son jardin), à son carton de stylos et de gommes, à son lot de cahiers à 96 pages, à l’éponge du tableau.... Cela est tout à fait légitime, logique, normal . Mais...... ce besoin compréhensible de se rassurer par des moyens matériels doit obligatoirement et rapidement s’accompagner d’une prise en compte globale de l’école, sa situation initiale, son environnement, son histoire, ses rites, ses actions, son projet.

   

Un enseignant qui arrive dans l’école va devoir s’intégrer à l’équipe et l’équipe va devoir l’intégrer : cette démarche réciproque est une nécessité, une question de survie à long terme du fonctionnement général de l’école.
Bien sûr, cette position peut sembler pessimiste mais les expériences vécues ici ou ailleurs nous confortent dans cette analyse : un groupe scolaire a besoin (un besoin vital) de stabilité, de cohérence, de concertation, de solidarité, de motivation, d’impulsion, de réactivité pour faire face à tous les moments de la vie quotidienne d’une structure sociale et humaine. Si un mauvais grain de sable qui déraille les rouages est remplacé par un maître qui désorganise les classes, cela ne fera qu’accentuer les difficultés, provoquer des tensions, soulever des polémiques, aggraver les problèmes ou susciter des ressentiments. Un enseignant , même seul, peut avoir des répercussions désastreuses sur l’ensemble de l’école : si la solution n’est pas trouvée rapidement dans l’intérêt de tous, une perte de crédibilité risque de se produire et tous les engrenages vont tourner dans le mauvais sens. A ce moment-là, c’est la globalité de l’école qui va connaître les divers symptomes d’une longue maladie difficile à combattre. Tous les efforts consentis par les collègues durant des années peuvent être réduits à néant par des comportements égoïstes d’un éducateur à vision courte...
Grâce à quelqu’un (qui vit ailleurs que sur la région et à des altitudes plus proches de l’Annapurna que de la colline de Fourvière) nous avons réussi à échapper à ce danger : quelques anciens se souviennent de quelques tentatives avortées mais (en plus de les oublier et les laisser à leur médiocrité) nous devons rester vigilents et bien sur nos appuis pour continuer dans cette voie de partage et de vision collective.

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