Récréations et surveillances.
mercredi 14 mars 2007
par Gilbert Giraud

 Récréations et surveillances.

La surveillance des élèves est une des principales consignes de l’enseignant dans la sécurité qu’ils leur doivent (à eux et à leurs familles). Cette notion de prévention est un sujet très fréquent dans nos conseils des maîtres car toutes nos actions dans ce domaine doivent correspondre à une démarche commune, à des objectifs clairement définis et à une pratique irréprochable.
Du point de vue juridique et règlementaire (textes officiels) le maître est toujours responsable de sa classe : autrement dit, même pour la récréation, il devrait surveiller ses gosses. Mais les textes prévoient aussi que cette responsabilité peut être partagée par les collègues si tous les éléments de sécurité sont suivis à la lettre : configuration des lieux, nombre d’adultes surveillants en conformité, zones définies, consignes données..). 

Afin d’offrir des récréations "rassurantes" pour tous, nous avons élaboré des consignes strictes, précises et applicables en toutes circonstances :

** les récréations durent 20 minutes chacune et chaque demi-journée 2 récrés par cour : les enseignants s’inscrivent en fonction de leurs emplois du temps et en particulier de leurs séances à l’extérieur de l’école (palais des sports, piscine, bibliothèque...).

 le matin : de 09h50 à 10h10 et de 10h10 à 10h30. 
 l’après-midi : de 14h50 à 15h10 et de 15h10 à 15h30. 

** si un enseignant descend dans la cour en premier, il doit obligatoirement attendre l’un des maîtres de service pour laisser ses élèves (s’il est tout seul, il reste juridiquement responsable de sa classe).

** le nombre de surveillants est fixé en rapport avec le nombre de classes : dans la configuration la plus fréquente, 2 enseignants par cour. Depuis de nombreuses années, nous avons opté pour des récrés mixtes avec filles et garçons... mais surtout avec des classes de petits et de grands, c’est à dire de chaque cycle. Nous constatons que cela permet des moments plus partagés, des échanges entre les niveaux et des récréations plus sereines. De même, nous changeons de cour suivant les jours et matin-soir afin de permettre à tous d’utiliser le terrain de foot, lieu stratégique et symboliquement fort.

** la position des surveillants doit permettre une vision globale de tout l’espace (pas d’angle mort). Un enseignant, Pierre-Luc Deusch, a proposé (dans les années 87/88 qu’une mesure simple soit adoptée en conseil des maîtres : afin de placer chaque enseignant en situation de véritable et efficace surveillance, de vraie responsabilisation et de réelle vigilance, il fallait instituer une règle précise pour le placement dans la cour. Pour respecter cela, dans le cahier individuel de chaque maître fourni par la direction en début d’année, une feuille désigne les emplacements les plus efficaces pour chaque lieu : du côté cour, 1 vers le portail-piscine et 1 derrière l’abri-bus avenue Thorez et du côté jardin, 1 vers le portail-promenade Lénine et 1 vers le panneau-basket près de la maternelle.

    

** les horaires doivent être scrupuleusement appliqués : les efforts déployés par certains collègues (Pierre-Luc, Bernadette, Cathy...) ou le directeur ont porté leurs fruits : nous sommes fiers de ne pas dépasser les horaires des récréations et nous sommes conscients que cela aide en plus à retouver des enfants moins excités lors du retour en classe (au plus ils restent en récré, au plus ils s’énervent et le retour au calme pour les apprentissages plus long et difficile).

** les surveillants doivent se tenir en position d’éveil constant pour repérer certains comportements ou certains faits révélateurs. Durant une récré, c’est fou ce que l’on peut voir, entendre, comprendre... C’est un moment privilégié pour se rendre compte de phénomènes qui ne se produisent que durant cet espace de temps : on s’aperçoit qu’untel ne joue presque jamais, qu’un autre est souvent agressif, qu’un autre garçon ne joue qu’avec des filles, qu’une gamine est le souffre-douleur de trois autres, qu’un CP est souvent exclu des jeux, qu’une élève de CM2 ne s’amuse qu’avec des CE1... On détecte les leaders ou chefs de bande, on apprend aussi des petits détails qui nous aident à comprendre les enfants de notre propre classe (caprices, habitudes, sociabilité...).Un enseignant qui constate certains faits particuliers en fait part à ses collègues qui peuvent ainsi bénéficier de renseignements utiles pour sa classe et la compréhension ou l’analyse de ses élèves.

** les bagarres sont interdites bien évidemment et nous devons séparer les béligérants très vite : cependant, avec le métier, avec la bouteille d’expérience acquise, un enseignant voit de façon sûre et précise si un conflit va se transformer en pugilat ou si les gestes un peu appuyés ne sont que les signes d’une volonté d’intimidation. La récré est un lieu socialisant et parfois les gosses sont confrontés à des situations de querelles, disputes, accrochages, coups, insultes : certains arrivent à surmonter ces moments difficiles et d’autres ont besoin de nous pour les sortir du mauvais pas (sans trop de honte).

** pour les passages aux toilettes, les classes sont réparties en 2 catégories : celles pipi avant la récré ou celles pipi après.(à noter que pour l’instant nous n’avons pas relevé de conséquences sur les résultats scolaires en fonction de l’ordre choisi pour la petite commission...).

** afin de permettre aux éternels fanas de foot de jouer sans trop risquer de blesser les autres enfants, des zones de jeux calmes sont délimitées pour les marelles, les cordes à sauter, les jeux de billes et autres amusements.

** des tournois de foot et de hand sont organisés et les classes du cycle 3 sont acharnées : chaque semaine un classement est établi et des points sont attribués pour le classement final de juin. Arbitre, cartons jaunes et rouges, drapeaux pour les juges de touche donnent aux rencontres une certaine solennité.

** en cas de blessure grave, les secours sont appelés mais chacun s’aperçoit bien que la sirène des pompiers ne hurle pas souvent sur l’avenue Thorez. Pour des blessures plus légères (éraflures, chocs, coupures superficielles..) les enfants sont soignés vers la vitrine-pharmacie de la salle des maîtres.

Les récréations ne sont pas une pause dans la vie quotidienne de l’école : il s’agit là aussi de moments éducatifs dans la vie sociale et citoyenne des écoliers. Pour les enseignants, ce n’est pas une mi-temps avec retour aux vestiaires et tranches de citron mais un lieu de socialisation qu’il faut prendre en compte dans notre démarche éducative afin de ne pas considérer les récrés comme un simple défoulement sans véritable contenu.

 Allez ! du calme, on remonte en classe.... 

 


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