L’agent de sécurité-prévention.
samedi 1er septembre 2007
par Gilbert Giraud


Sécurité école : l’agent de prévention.

Autrefois, jusque dans les années 1990, l’Avenue Maurice Thorez était réservée aux bus 51 et 52 (donc interdite aux voitures) et cela permettait à tous les gosses du Grand-Bois, de Malval, du Mont-Pilat de traverser relativement en toute sécurité. Quand la voie a été ouverte à la circulation (pour assurer une liaison plus facile entre le Mas du Taureau et le centre ville) les conditions de sécurité ont beaucoup changé.

Aux entrées (8h15-8h45 et 13h15-13h45), aux sorties (11h15-11h45 et 16h15-16h45) un agent de prévention scolaire est affecté au passage entre l’école et l’esplanade, au niveau des terrains de tennis et de la piscine.
Cette avenue est très fréquentée et heureusement que la Mairie a pris en compte ce risque , pour la sécurité des enfants et celle des familles.
L’agent sécurité-école est également chargé de surveiller les abords de l’école et les divers parkings du quartier afin d’assurer une certaine tranquilité de la vie quotidienne pour tous. Une qualité largement requise est celle des relations humaines et des contacts entre les enfants, les parents et les automobilistes... Plusieurs affiches spécialement vaudaises nous disent

" Roulez calîns ".

On a connu Nourdine et le pré-retraité Khader mais aujourd’hui, depuis 3 ans, c’est Abdelmalek qui accomplit cette tâche.

On l’appelle Abdel (un peu parce que c’est plus court mais surtout parce que c’est plus affectueux). On est nombreux à lui accorder toute notre confiance . Sur le passage clouté on ne voit que lui (d’abord à cause de son blouson jaune-fluo mais aussi sa chevelure gris métallisé Porsche 911....) ce qui est une assurance contre les problèmes oculaires de certains conducteurs. De ce fait, nous n’avons pas à relever d’incident sérieux lors des traversées de l’avenue et nous nous félicitons de cet aspect sécurisant pour les parents.
Abdel connaît tous les gosses, il a toujours un petit mot pour chacun (pour les mamans aussi d’ailleurs) et il arrive à prévenir quelques soucis pour les égarés ou retardataires.


Un petit exemple :
Un soir de novembre (à Lyon, à partir de midi c’est le soir) à 16h40, un jeudi, Abdel raccompagne un gamin de CP en demandant s’il ne devait pas rester à l’étude : effectivement ce gosse restait à l’étude le jeudi seulement et il était sorti sans doute sans se souvenir de son étude "leçons-devoirs". Nous avons bien expliqué les choses à l’élève et nous avons bien remercié Abdel qui avait remarqué que le jeudi ce garçon ne sortait pas à 16h30 et avait donc compris que sa présence sur les clous n’était pas normale ce soir-là. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup...

Il a les yeux partout et les oreilles aussi : chaque fois qu’il sait qu’il peut rendre service, il n’attend pas. S’il sait ou a su qu’une classe a besoin de planches pour des décors de théâtre, il en trouve. S’il apprend qu’un enseignant cherche du terreau, il apporte un sac et s’il s’aperçoit que le directeur est en manque de caféïne il lui rapporte une tasse...

On nous dit que son contrat ne peut pas légalement être renouvelé mais nous trouverons une solution pour le bien de tous...

  Tu le mérites vraiment,ABDEL ! Choukràän !  

Pour finir, une question aux enfants et aux jeunes collégiens :
Dans cet article, il est écrit "le passage clouté" et aussi "sur les clous" : essayez de savoir pourquoi...

 


Un énorme merci et une grande peine teintée de révolte :
Ciaô ABDEL....

On nous avait prévenus mais on osait croire...

Le contrat d’Abdel était signé dans un cadre administratif précis, "les emplois aidés". Ce dispositif empêche légalement la reconduction du contrat après 4 ans : la Préfecture refuse toute dérogation.

Abdel ne sera plus là lundi matin (le 3 septembre 2007) : on a tous, un gros sentiment de gachis même si nous sommes respectueux des règles préfectorales. Abdel n’était pas qu’un épouvantail jaune fluo qui faisait des signes aux automobilistes pour laisser traverser des enfants et leurs mamans.

Abdel était sur la chaussée mais il ne se trouvait pas dans la rue : il était à l’école, il était de l’école, tout ce qu’il faisait c’était pour l’école . Il buvait son verre comme les autres et il était bien des nôtres....
Il me racontait l’autre jour qu’à 13 ans il vidait des camions de légumes au marché-gare de Perrache et que les arrivages de sacs d’oignons étaient un épisode qui faisait pleurer les yeux. Il a toujours travaillé, il a fait plusieurs "boîtes", il en a beaucoup bavé, il a reçu des coups et il a su en rendre certains.

Personne ne s’est jamais plaint d’Abdel à l’école : il a cette faculté de pouvoir écouter, comprendre, observer, analyser, relativiser, avancer... Les enfants, les familles, les passants, les automobilistes étaient habitués à le voir sur le passage piétons : il ne faisait pas de grands gestes mais sa présence était telle qu’une pancarte était inutile...

Nous sommes tristes de le voir partir pour des raisons administratives et juridiques . Nous ferons tout et encore plus pour qu’Abdel puisse trouver dans la collectivité territoriale (mairie) une place qu’il mérite. Les services municipaux le connaissent, l’apprécient : nul doute qu’une solution sera bientôt trouvée pour Abdel. (nous en parlerons dans cette rubrique).

Tu ne sauras jamais, ABDEL, à quel point nous t’aimons...
Comme disent les djeunsses " A+ "...

Info octobre 2007 :
Abdel est actuellement remplaçant sur un poste de gardien au Stade Aubert (au sud de Vaulx) : sans doute pour minimum 6 mois. Tant mieux...

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